Conakry, le 9 octobre 2025 — La station d’intelligence artificielle « Institut Français Guinée (IA) », nouvellement inaugurée au Centre culturel franco-guinéen (CCFG), a servi de cadre à une série d’échanges de haut niveau autour des enjeux, défis et perspectives liés à l’intelligence artificielle en Guinée. Chercheurs, diplomates, acteurs culturels et étudiants se sont réunis pour réfléchir à l’impact de cette révolution technologique sur l’éducation, la culture et la société.

La Dr Assaitou Diallo, enseignante-chercheuse, a ouvert la rencontre en insistant sur la nécessité d’un encadrement académique lucide face à l’essor de l’IA.
« Vous avez un sujet bien traité, mais qui ne vient pas de votre étudiant… Voilà toute la question ! » a-t-elle lancé, évoquant avec franchise la tentation de déléguer la pensée aux machines.
« Les enseignants doivent être armés face à cette nouvelle donne. Les étudiants doivent comprendre que les machines ne doivent pas réfléchir à leur place. L’esprit critique, pour lequel nous les formons, doit rester au cœur de tout apprentissage. »
La chercheuse a également souligné l’importance d’un débat équilibré sur l’intelligence artificielle, entre ses atouts indéniables — gain de temps, assistance, efficacité — et ses limites éthiques et culturelles :
« Il ne s’agit pas seulement de promouvoir l’IA, mais d’en faire une analyse critique. Les biais, les hallucinations ou l’absence de sensibilité culturelle dans certains modèles sont des défis majeurs à anticiper. »

Prenant la parole à sa suite, Steve Vitin, expert en innovation numérique, a rappelé que l’IA n’est pas une simple tendance mais un véritable bouleversement civilisationnel.
« Nous faisons face à un monde totalement différent de celui d’il y a deux ans, et il le sera encore davantage dans les mois à venir. L’intelligence artificielle transforme déjà l’éducation, la santé, la culture et le marché du travail. »
Selon lui, le rôle de la station IA de Conakry sera de « rendre la technologie intelligible », en favorisant la compréhension et l’adaptation des jeunes Guinéens aux mutations du numérique.

L’ambassadeur de France en Guinée, présent à la cérémonie, a salué cette initiative commune, tout en la replaçant dans le cadre plus large de la coopération franco-guinéenne.
« Nous étions récemment à Laval pour célébrer la vitalité de la diaspora guinéenne et la créativité de ses artistes. Aujourd’hui, à Conakry, nous réaffirmons ce même engagement : soutenir les outils qui permettent à la jeunesse de créer, d’innover et de raconter son histoire. »
Il a mis en avant la vision du CCFG comme “maison de la jeunesse franco-guinéenne”, un espace où se croisent technologie, culture et entrepreneuriat :
« L’intelligence artificielle, au même titre que le spectacle vivant, le cinéma ou la musique, fait désormais partie des outils culturels qui contribuent à l’écriture du futur guinéen. »
Clôturant les interventions, le ministre guinéen de la Culture et du Patrimoine historique a salué les efforts conjoints de la France et de la Guinée dans le renforcement de la coopération culturelle et technologique.
« Ces initiatives contribuent non seulement à la formation de nos jeunes, mais aussi à la valorisation de nos artistes et de notre patrimoine. Nous souhaitons que le prochain Fonds Equipe France puisse être orienté vers le secteur musical et culturel, afin d’accompagner davantage nos créateurs. »

Le ministre a également réaffirmé la volonté du gouvernement de faire de la culture et du numérique des leviers stratégiques du développement guinéen à l’horizon 2040.
Ainsi, cette rencontre à l’Institut Français de Guinée marque un tournant symbolique et intellectuel : celui d’une Guinée qui ne se contente plus d’observer les révolutions technologiques, mais choisit d’y participer pleinement — en pensant, critiquant et innovant à la guinéenne
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