Conakry, 14 novembre 2025 —
La société minière AGB2A-GIC monte au créneau face à la décision du ministère guinéen des Mines d’ordonner l’évacuation de ses installations situées sur le périmètre autrefois attribué à Axis Minerals, récemment réintégré dans le portefeuille de l’État. Une décision administrative qui, selon l’entreprise, met en péril plus de 3000 emplois directs et menace un investissement privé dépassant 300 millions de dollars américains.

Dans un courrier officiel daté du 10 novembre 2025, adressé au ministère, AGB2A-GIC sollicite un moratoire immédiat sur toute procédure d’évacuation. La société propose, en guise de compromis, le versement initial de 125 millions USD sur un total de 250 millions USD, afin de poursuivre normalement ses activités et d’apaiser les tensions autour du dossier.
L’entreprise guinéenne affirme disposer d’environ 6 millions de tonnes de bauxite extraites et stockées sur le site, mais dénonce depuis mai 2025 des entraves répétées à l’exportation de ce stock. AGB2A-GIC s’engage également à s’acquitter d’une redevance de 2 USD par tonne, en conformité avec le tarif appliqué à Axis Minerals dans l’ancien contrat d’amodiation désormais annulé.

Des soupçons de double jeu sur le terrain
La société s’indigne d’une inégalité de traitement : alors que son ancien partenaire SD Mining aurait pu exporter sans entrave via le port de Kokaya, AGB2A-GIC, elle, se retrouve paralysée. Plus troublant encore, des bornes marquées “SDM” ont été récemment découvertes sur le périmètre concerné, suggérant une présence persistante de SD Mining malgré l’ordre officiel de cessation d’activités adressé aux deux sociétés.

Cette découverte alimente les critiques sur une gouvernance minière jugée opaque et sur de possibles conflits d’intérêts dans la gestion du dossier.
Un protocole d’accord controversé
Le climat de méfiance s’est accentué après la signature, en juillet 2025, d’un protocole d’accord entre le ministère et SD Mining pour la réattribution du permis retiré à Axis Minerals. Ce protocole, vivement contesté, avait été annulé sous pression médiatique.
Aujourd’hui, la réapparition des bornes estampillées “SDM” ravive les interrogations
:
quelle est la véritable portée de ce protocole ? Et pourquoi ces bornes réapparaissent-elles maintenant ?
Une entreprise nationale en danger
AGB2A-GIC, une société 100 % guinéenne, se dit victime d’un traitement injuste au profit d’intérêts étrangers, notamment d’une société détenue par des capitaux chinois. Elle appelle les autorités à privilégier la sauvegarde de l’emploi local, la reconnaissance des investissements réalisés et le respect des engagements contractuels.

Dans un contexte minier déjà tendu, ce nouveau bras de fer met une fois de plus en lumière la fragilité du climat des affaires en Guinée et la nécessité d’une gouvernance transparente pour préserver la confiance des investisseurs.

