Abu Dhabi / Conakry, 5 août 2025 – Emirates Global Aluminium (EGA), acteur majeur de l’industrie de l’aluminium basé aux Émirats arabes unis, a vivement condamné la décision des autorités guinéennes de retirer le titre minier de sa filiale locale, Guinea Alumina Corporation (GAC), au profit d’une nouvelle entité publique, Nimba Mining Company S.A.
Cette mesure intervient après une période de tensions marquées par la suspension unilatérale des activités de GAC à l’automne 2024 et une tentative de résiliation de la Convention de Base encadrant ses opérations dans le pays. EGA dénonce une démarche qu’elle qualifie d’« expropriation de fait », portant atteinte à ses droits contractuels et juridiques.
Une rupture aux lourdes implications
Dans un communiqué publié le 5 août, EGA affirme que cette décision constitue une violation flagrante de la législation guinéenne et des accords internationaux. L’entreprise souligne que GAC a été un acteur clé du développement économique de la région de Boké, avec plus de 244 millions de dollars injectés dans l’économie guinéenne en 2024 et 700 000 dollars investis dans des projets communautaires.
Plus encore, EGA estime que cette réattribution sans appel d’offres ni transparence sape les fondements mêmes de l’État de droit et compromet la réputation de la Guinée en tant que destination fiable pour les investissements étrangers.
Des risques économiques et juridiques importants
Cette décision gouvernementale suscite des inquiétudes à plusieurs niveaux, notamment :
Attractivité du pays en danger
Pour EGA, cette mesure envoie un signal négatif à l’ensemble des investisseurs internationaux. En rompant unilatéralement un contrat avec un partenaire stratégique, la Guinée pourrait se retrouver confrontée à une baisse de la confiance des marchés, dans un secteur où la stabilité juridique est essentielle.
Contentieux juridiques en perspective
GAC entend demander réparation devant les juridictions compétentes. Soutenue par EGA, la société compte faire valoir ses droits dans le cadre des procédures déjà engagées. Ce litige pourrait s’inscrire dans la durée et affecter l’image du pays sur le plan international.
Une stratégie de reprise en main risquée
La création de Nimba Mining Company S.A., entité publique appelée à reprendre les activités de GAC, s’inscrit dans une volonté affichée de renforcement du contrôle étatique sur les ressources minières. Toutefois, l’absence de transparence dans le processus de transfert soulève des interrogations sur la gouvernance du secteur.
La reprise d’un projet de cette envergure sans l’expertise ni les garanties techniques et financières nécessaires pourrait entraîner des retards dans l’exploitation, un ralentissement des exportations et une baisse des recettes publiques attendues à court terme.
EGA maintient sa position et annonce des actions
Dans son communiqué, EGA indique « réserver tous ses droits » et réaffirme son engagement à défendre les intérêts de GAC, de ses partenaires et de ses actionnaires. Le groupe reste déterminé à faire valoir ses droits par les voies légales et à obtenir réparation pour les préjudices subis.
Le retrait du permis minier de GAC par la République de Guinée marque un tournant dans les relations entre le pays et ses partenaires internationaux. Si la Guinée affirme son ambition de maîtriser davantage l’exploitation de ses ressources naturelles, cette décision soulève des questions fondamentales sur la sécurité juridique, la transparence et la viabilité économique de sa stratégie minière.

